Portrait d’un vieillard et d’un jeune garçon – 1490 Domenico Ghirlandaio

Domenico Ghirlandaio (1149-1494)

 

Portrait d’un vieillard et d’un jeune garçon

1490
Dim 62,7 x 46,3 cm
Tempera à l’œuf sur panneau de bois

Conservé au musée du Louvre

 

Malgré ses particularités physiques, le modèle n’a pas été identifié : il s’agit certainement d’un mécène de l’artiste. Un notable florentin dont le nez est défiguré par une grave maladie : un rhinophyma.

 

Le peintre

Domenico Bigordi, dit Ghirlandaio (guirlande) est florentin. Il fait son apprentissage dans l’atelier d’un peintre, Alesso Badovinetti ou Andrea Verrocchio ou peut-être les deux. Domenico créera plus tard un atelier avec ses frères David et Benedetto. Cet atelier réputé accueillera un élève prestigieux, Michel-Ange.

La carrière de Domenico Ghirlandaio se déroule à Florence sous le règne de Laurent de Médicis dit le Magnifique. Les Médicis furent des commanditaires importants pour Ghirlandaio. Ses premières œuvres de la décennie 1470 ne sont pas commandées par les Médicis. En 1471, il peint les fresques de l’église Sant’ Andrea puis, il peint deux fresques de Scènes de la vie de sainte Fina dans la Collégiale Santa Maria Assunta. Dans les années 1480, il collabore avec Sandro Botticelli, Cosimo Rosselli et Le Pérugin, aux fresques de la chapelle Sixtine. C’est seulement ensuite qu’il deviendra l’un des peintres favoris de la bourgeoisie marchande et de l’aristocratie.

Domenico Ghirlandaio est un peintre très éclectique et très productif. Il est avant tout un fresquiste et, techniquement l’un des artistes les plus habiles de son siècle. Il assimile la peinture lumineuse d’Andrea del Verrocchio et le souci de la perspective de Masaccio puis s’oriente vers le réalisme des maîtres flamands.

 

Le tableau

Ce portrait représente :
Au premier plan : un homme âgé -un grand-père, avec un enfant -son petit-fils. L’homme est assis de ¾ droit, le visage penché vers l’enfant. L’enfant est assis sur les genoux de son grand-père, montrant son profil gauche, le visage levé vers lui.
À l’arrière-plan : au-dessus de la tête de l’enfant, à droite du tableau, une fenêtre grande ouverte sur un paysage de montagnes.

Le regard du spectateur est conduit le long d’un axe oblique allant du bord inférieur gauche du tableau jusqu’au fond de l’arrière-plan.

La position en contre plongée de l’enfant attire l’attention du spectateur sur le véritable sujet du tableau : la figure centrale du vieil homme.

Le peintre place le nez du vieil homme au centre du tableau. La première chose que le spectateur remarque ce sont les verrues qui le défigurent.

Avec réalisme et respect le peintre peint un vieil homme marqué par une longue vie avec de fines rides et des verrues qui le défigurent. Ses cheveux gris sont devenus fins et plus rares. Ses lèvres sont minces et ses yeux mi-clos.

L’enfant a un profil élégant, une bouche généreuse, des joues potelées. Ses longs cheveux touffus ondulent gracieusement et son œil grand -ouvert cherche le regard du vieil homme.

Les vêtements des deux personnages, riche manteau doublé de fourrure, pourpoint et toque sont d’un rouge pourpre très lumineux qui irradie les visages et crée une unité.

La fenêtre aux murs gris, sans décor, très sobre, ouvre le lieu sur un paysage imaginaire et allégorique : le chemin sinueux conduit le regard vers deux montagnes. La première est couverte de végétation rendant sensible la vitalité de la jeunesse, la seconde est aride et évoque le dépouillement de la vieillesse. L’enfant a la vie devant lui, grande ouverte, comme la fenêtre de l’arrière-plan.

Ce portrait paisible, équilibré, baignant dans une douce lumière, a une vérité émouvante. L’époustouflante qualité technique de Ghirlandaio atteint ici son sommet.

 

Interprétation


Le tableau parle :

  • Du vieillissement qui est obligatoire, petit à petit on change de traits, les traits deviennent moins attirants, moins séduisants.
  • De l’expérience de l’aïeul qui servira au candide enfant elle pourra l’aider à baliser son chemin, à prendre confiance en lui, à moins redouter les hauts et les bas qu’il connaîtra.

De générations en générations les hommes peuvent marcher sur un même chemin, guidés par la précieuse expérience de ceux qui les ont précédés et sur laquelle ils fonderont leur existence.


C’est le tableau de l’exclusion qui peut être vaincue

Le vieil homme entoure de son bras le corps du jeune garçon et le regarde tendrement, son visage est apaisé, son sourire inspire de la bonté. Ses bras, les plis de son vêtement ample, le visage et les paupières baissés, tout dit le désir de la rencontre.

L’enfant lui aussi cherche la rencontre, tendu de toute sa petite taille vers l’impressionnante figure telle une montagne rouge qu’il lui faudrait escalader. Sa petite main se pose sur la poitrine fatiguée avec tendresse, en un geste délicat et confiant. L’enfant n’est dégoûté ni par ce nez très laid, ni par la verrue du front, ni par les rides autour des yeux.

L’échange de regard saisi le spectateur par son intensité émotionnelle.

L’enfant fait quelque chose de remarquable : il touche.
Le geste de l’enfant provoque une émotion parce que malgré son aspect un peu repoussant l’enfant va toucher par affection son grand-père.

Loin des fantaisies de Bosch, de Bruegel ou de Dürer, le message de Ghirlandaio est le rapport très secret du passage d’une génération à l’autre à travers le geste du toucher qui est un geste de spontanéité.

Le regard que le vieil homme échange avec son enfant est un regard de tendresse et de tolérance. C’est le regard de la transmission

 

Conclusion

Ghirlandaio nous rappelle ainsi que l’amour va bien au-delà de la beauté physique, que l’essentiel se passe dans le cœur de chacun, quel que soit le contraste entre la finesse des traits de l’un et le visage marqué par la maladie et les années de l’autre.

Le dessin sobre et construit, la matière fluide et précieuse, le pinceau délicat de Ghirlandaio, on fait d’une simple rencontre un moment d’éternité.

Comme l’écrira Saint-Exupéry des siècles plus tard :
« L’essentiel est invisible pour les yeux. C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante ».

 Joyeux Noël

Vœux 2020

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le 24/12/17 : Cap sur les lumières des étoiles !

24/12/19 : soir d’anniversaire  !

Mon plus cher désir est de vous distraire et de vous apporter du contentement 

je vous souhaite une très douce et heureuse année 2020 et de beaux voyages dans les lumières des étoiles.

je compte sur vos visites.
Elles sont essentielles à la poursuite de cette aventure.

Et, n’oubliez pas, si vous avez des questions, vous pouvez me joindre sur lumieresdesetoiles@gmail.com

Romances sans paroles – Verlaine

 

« Le rossignol qui du haut d’une branche se regarde dedans, croit être tombé dans la rivière.
Il est au sommet d’un chêne et toutefois a peur de se noyer »

Cyrano de Bergerac

                                        Image 24-12-2019 à 22.12

 

L’ombre des arbres dans la rivière embrumée

Meurt comme de la fumée,

Tandis qu’en l’air, parmi les ramures réelles,

Se plaignent les tourterelles.

 

Combien, ô voyageur, ce paysage blême

Te mira blême toi-même,

Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées

Tes espérances noyées !

 

Verlaine, mai-juin 1872

 

Le fauteuil de Gauguin – 1888 – Van Gogh

le fauteuil de Gauguin

Huile sur toile de décembre 1888

Van Gogh emménage en Arles dans une maison jaune où il rêve de réunir ses amis artistes. Il achète douze chaises pour les accueillir.

Le fauteuil est attribué à son ami Gauguin.
À son grand désarroi, Gauguin tarde à venir.

Vincent écrit à son frère Théo : « Si à quarante ans, je fais un tableau de figures tel que les fleurs dont parlait Gauguin, j’aurai une position d’artiste à côté de n’importe qui. Donc persévérance. En attendant je peux toujours te dire que les deux dernières études sont assez drôles. Toiles de 30, une chaise en bois et en paille toute jaune sur des carreaux rouges contre un mur (le jour). Ensuite le fauteuil de Gauguin rouge et vert, effet de nuit, mur et plancher rouge et vert aussi, sur le siège, deux romans et une chandelle. Sur toile à voile à la pâte grasse ».

Le tableau est conservé à Londres à National Gallery