Bal du moulin de la Galette. P-A Renoir

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)

 

Bal du moulin de la Galette

1876

Huile sur toile

Dim 131 x 175 cm

Conservé au musée d’Orsay

Le moulin de la Galette était une guinguette où l’on pouvait danser, manger des galettes et boire entre amis, le dimanche.
Il se situait sur la Butte Montmartre à côté du moulin qui existe encore aujourd’hui.
L’ambiance de liberté et de plaisir attirait les artistes, les ouvriers et les bourgeois.

Pour construire cette toile animée, Renoir a fait poser ses amis.

 

Composition

La composition est équilibrée autour de deux lignes :
-une grande diagonale (matérialisée par le banc) qui sépare le premier plan de l’arrière-plan et l’espace de la danse de celui des jeunes buveurs attablés à droite.
-une ligne d’horizon très haute (formée par les lampions) qui appuie le fond du tableau.
La toile est structurée par :
-des groupes triangulaires complémentaires à ces deux lignes de force
-des ondulations variées (en faisant glisser le regard d’un canotier à l’autre, d’une tête à l’autre) qui évoquent la danse.

Le spectateur a un point de vue en plongée sur la scène, le premier plan lui apparait en vue rapprochée et plongeante.

Entre le bas de la toile et sa ligne d’horizon, trois niveaux de plans se succèdent avec de brusques changements d’échelle. Les différences entre les tailles des personnages de l’arrière-plan au premier plan donnent la profondeur de la toile.

Renoir mixe dans sa toile technique et sujet pour créer un espace où tout vibre aux rayons des lumières et au son de la musique.

Dans ce tableau Renoir utilise la touche fragmentée, rapide et juxtaposée, (propre aux impressionnistes) libre et sensuelle.
En associant cette technique à son grand sens du détail, Renoir insuffle de la légèreté à sa composition.

Le blanc équitablement réparti sur la toile éclaire les costumes bleu-foncé et rend les écharpes éclatantes. La teinte bleutée déclinée à l’infini est rehaussée par le jaune des canotiers.
Cette palette de couleurs primaires dynamise la toile. Le jeu des couleurs associé aux sourires des visages dégage une impression de fraîcheur et de fête.

Renoir peint volontairement floue, même au premier plan. Il supprime le dessin des contours de ses figures, ainsi le détail disparaît au profit d’une vibration générale ; celle de deux couleurs, le bleu et le rose dont le mélange donne le mauve.

La lumière distribuée en taches sur les robes, les canotiers ou les sols, reproduit les jeux lumineux des bals en plein-air. Ces touches d’ombre et de clarté restituent les lumières naturelle et artificielle. Cette sensation de mouvement générée par la lumière multiple  assure une unité à l’ensemble de la toile.
Le ressenti du mouvement des danseurs est renforcé avec l’envol des robes et la position des bras en demi-cercle.

À l’époque des premières photographies, Renoir exprime l’instant avec l’aspect cotonneux  et le choix de représenter des figures coupées bord- champ.

La toile est un moment pris sur le vif, elle représente une foule en mouvement, frémissante, dansant ou causant par petits groupes. On a l’impression d’entendre la musique.

 

À propos,

La toile témoigne du souffle de gaieté qui règne sur la Butte Montmartre. Elle parle d’une époque révolue, d’un lieu où les loyers peu onéreux attirent les artistes et la bohème (Delacroix, Renoir, Nerval, Gautier…). De nombreux cabarets ouvrent leur porte : « La Cigale et La Fourmi », « Le chat noir », « Le lapin agile ». Ces noms sont synonymes de l’heure de gloire de la Butte avant que celle-ci soit éclipsée par Montparnasse.

Renoir peint ses amis, le critique d’art Georges Rivière attablé avec les peintres Franc-Lamy et Norbert Gœneutre, et deux modèles, les sœurs Jeanne et Estelle qui se ressemblent. Ils discutent et boivent de la grenadine. Sur la gauche, un couple de danseur regarde le peintre, le jupon noir de la femme tranche avec le rose pâle de la robe qu’elle porte. Il s’agit de Margot, modèle et amante d’Auguste Renoir.

La toile représente un grand nombre de personnages et adopte un point de vue positif. Tout contribue à exprimer la joie qui a valu à Renoir le titre de « peintre du bonheur ».

Le Bal du moulin de la Galette fut acheté par Gustave Caillebotte en 1789 qui le légua à l’état en 1894.

 

Conclusion

Le Bal du moulin de la Galette est le dernier grand tableau peint par Renoir et  son œuvre la plus ambitieuse de la période impressionniste

Au début des années 1880 Renoir redécouvre le grand peintre de la Renaissance italienne Raphaël et, décide de retravailler les formes de façon plus incisive en accordant plus d’importance au dessin, tel son Portrait de Pierre Renoir dans un habit de marin de 1890.

Cette nouvelle façon de peindre jette un éclairage nouveau sur le
Bal du moulin de la Galette

Contrairement aux autres impressionnistes, sous le jeu de la lumière, les figures restent des sujets dominants et distincts au lieu d’être noyés dans l’atmosphère ambiante.

Renoir ne peint pas les hommes comme le reste du paysage. Il croit à l’individu, aux histoires personnelles évoquées sur une toile et au bonheur de chacun.