Le Cirque -Georges Seurat

Georges Seurat (1859-1891)

 

Le Cirque

1890-91

Huile sur toile

Dim 185 x 152 cm

Conservé au musée d’Orsay

 

Né à Londres à la fin du XVIIIe, le cirque connaît dans les années 1890 un grand succès à Paris. L’intérêt des peintres Renoir, Degas et Toulouse-Lautrec pour ce thème en témoigne.

Georges Seurat n’a peint que sept grandes toiles.

Cette toile consacrée au cirque est la troisième d’une série :
Après la Parade (1888) et Le Chahut (1889-90), Le Cirque (1890-91) est son œuvre testament.

La toile inachevée figura au salon des Indépendants de 1891 peu avant la mort de Seurat.

 

Composition

Le premier plan, est un clown, vu de dos et habillé de rouge.
Au centre, une écuyère se tient debout sur un cheval blanc au galop, au bord des gradins, un acrobate est en équilibre sur les mains. Sur la droite du tableau et au centre de la piste un monsieur Loyal regarde l’écuyère.
À l’arrière-plan, les gradins sont rythmés par les silhouettes figées des spectateurs. En haut à droite du tableau et au-dessus de l’entrée se trouve l’orchestre de musicien dirigés par la baguette de l’écuyère. Dans l’encadrement de l’entrée une foule de spectateurs attend.

Deux espaces se juxtaposent : celui de la piste et des artistes, tout en courbes et celui des gradins et du public, rigide et géométrique.

Quatre sujets sur la piste, le clown, le monsieur loyal, l’écuyère et le cheval. sont distribués dans les quatre parties dessinées par les diagonales qui impriment l’ascendance des lignes. Le ruban du clown et la silhouette de l’écuyère induisent la profondeur en suivant une oblique du bas à gauche du tableau vers le haut à droite du tableau.

La composition partagée entre les courbes et les lignes repose sur les théories de Ch.Henry qui analysent l’expression psychologique des lignes : les horizontales donnent une impression de calme, les diagonales et les courbes suggèrent le dynamisme et la gaieté.

Le tableau est cadré comme une photographie et l’étagement des plans oriente le regard : Seurat, comme Degas, s’inspire des estampes japonaises.

Le tableau est bordé de bleu. Le peintre peint par petites touches juxtaposées un encadrement sombre autour de sa toile. Il utilise pour son cadre, la même technique que pour son sujet.

La palette est lumineuse avec une dominante orangée et des tons contrastés.
Le rouge, le jaune et le bleu sont « accordés » en petits traits.
Seurat ne fait pas les mélanges sur la palette, il le fait dans les yeux du spectateur. Il applique la théorie du mélange optique des couleurs formulée par Chevreul et reposant sur le contraste simultané des couleurs.

Cette technique inventée par Seurat est appelée le « pointillisme ».

 

Analyse

Au XIXe, une culture populaire du divertissement s’exprime progressivement avec la fréquentation des guinguettes, des jardins, des hippodromes.
Dans cette lignée, le cirque témoigne de l’avènement d’une économie de loisirs.
Ces lieux deviennent les sujets des tableaux des peintres modernes.

Le cirque est un thème très utilisé car il permet d’étudier le mouvement, les couleurs et la lumière artificielle. Renoir, Degas, Toulouse-Lautrec puis, Daumier, Picasso et Chagall s’emparent du sujet.

Le tableau représente le numéro de l’écuyère du cirque Fernando.

Les tenues vestimentaires des spectateurs et leurs attitudes montrent du doigt l’inégalité entre les classes sociales.
La répartition des spectateurs sur les gradins est un prétexte à dénoncer la diversité sociale.

 

Conclusion

Seurat a l’ambition de présenter sa toile au salon des Indépendants avec l’objectif d’attirer l’attention de Puvis de Chavannes.
Seurat admire ce maître du Symbolisme et peint jour et nuit sans relâche.
Puvis de Chavannes ignore Le Cirque.
Ce manque de reconnaissance affecte profondément Seurat.
Certains disent qu’il en est mort.
Seurat meurt subitement à l’âge de 31 ans.

Le Cirque reste inachevé
(Observez le cheval au galop : en rapport à son allure et à sa morphologie, les antérieurs sont improbables).

Chef de file du « pointillisme »,Seurat réalise son œuvre en moins de dix ans.

En créant une symbiose entre création artistique et analyse scientifique, Seurat rejoint une des préoccupations du XIXe

Georges Seurat appartient au mouvement néo-impressionniste.