Les raboteurs de parquets -Gustave Caillebotte

Gustave Caillebotte (1848-1894)

Les raboteurs de parquets

1875
Huile sur toile
Dim 102 x 146,5 cm

Conservé au musée d’Orsay

Gustave caillebotte est un peintre, collectionneur et mécène français. Né à Paris en 1848 et mort à Gennevilliers en 1894.
Issu d’une famille d’industriels, sa fortune lui permit de se consacrer à la peinture et d’aider ses amis peintres en achetant leurs tableaux

En 1875 les raboteurs de parquets est refusé au salon.
Montrer le monde ouvrier dans sa vérité nue ne va pas de soi.
Les années suivantes il exposera au cours de différentes expositions impressionnistes.

Description

La scène se passe dans un appartement de Paris. Trois artisans sont au travail. Ils sont vêtus de leurs seuls pantalons, ils sont à genoux, le buste penché sur l’ouvrage. Cette position fait ressortir leurs bras puissants, étirés par l’effort et la sueur sur leurs dos nus.
Nous voyons leurs nuques et partiellement leurs visages.
Deux sont face à nous, un troisième est isolé sur la gauche.
La lumière provenant de la porte-fenêtre du balcon glisse sur le parquet et illumine un petit tas de copeaux au milieu de la pièce et du tableau.
On voit sur le parquet les outils des raboteurs, un marteau, une lime, des rabots, des sacs à outils et aussi, sur le rebord d’une cheminée, une bouteille et un verre de vin.

Composition

C’est une composition rigoureuse avec un cadrage en contre-plongée.
La surface du parquet occupe les 2/3 de la toile.
Les raboteurs sont enfermés à l’intérieur de cette surface.

Les perspectives du tableau suivent les rainures du parquet et mettent en valeur les trois zones du parquet : raboté, en train d’être raboté et restant à raboter.

Les perspectives ont un double rôle :
-Elles enferment les artisans dans un univers rigide (Les deux hommes à droite du tableau, au premier plan, sont alignés par rapport aux perspectives) et,
-Elles buttent sur les gravures du mur de l’arrière- plan donnant un effet de profondeur.

Le troisième artisan sur la gauche du tableau, au second plan, est en retrait, solitaire.

Le fond de la toile ou troisième plan, est constitué par le mur à droite et à gauche une porte-fenêtre avec son balcon par lequel on entrevoit la façade d’un immeuble haussmannien.

Au centre du tableau, Caillebotte a laissé un espace vide mis en valeur par le jeu de lumière.

Le dessin est très réaliste. Il fait ressortir les détails du tableau, les ferronneries du balcon, la musculature des artisans.

Caillebotte utilise une palette froide aux tons neutres et sévères qui parlent des gestes qui s’accordent et des personnages réduits à leur fonction.
En parallèle, il pose des touches de couleurs chaudes comme l’ocre ou le marron qui expriment la noblesse du travail et du matériau, le bois.

Les raboteurs sont vus à contre-jour.

La peinture est appliquée par petites touches fines et continues qui servent le réalisme de la toile.

Analyse

Caillebotte a représenté un sujet réel mettant en avant la classe ouvrière plutôt que l’aristocratie. Le coté novateur de ce tableau lui a valu de vives critiques.
Caillebotte en magnifiant les raboteurs et le respect du travail bien fait, leur offre la possibilité d’une reconnaissance.
Cette toile dégage une grande beauté liée à la dignité des hommes au travail.

Par l’importance de la lumière, par son sujet et sa composition cette œuvre s’inscrit dans le courant impressionniste.

C’est une lumière impressionniste dans un espace réaliste.

Quand on regarde les raboteurs de parquets on a le sentiment d’être devant une photographie, cet hyper-réalisme dénonce une réalité dérangeante.
Le principe de la photographie a probablement influencé Caillebotte dans sa mise en scène en contre-plongée, avec la volonté de traiter d’un sujet d’actualité : l’urbanisation de Paris et l’édification des immeubles haussmanniens.

Conclusion

Bonnat maître de Caillebotte recommandait à ses élèves :
« Faite du vrai, plutôt que du beau »

Le ras du sol n’est pas en terre comme chez Millet, mais en bois.
Le sujet classe Caillebotte dans le courant réaliste, proche de Manet.
Cependant, la précision avec laquelle Caillebotte décrit les outils rappelle plutôt le regard aigu de Degas explorant le monde des blanchisseuses.

Longtemps davantage reconnu comme mécène que comme peintre d’importance, Gustave Caillebotte a été redécouvert dans les années 1970.

Certaines de ses œuvres se trouvent au musée d’Orsay :
La gare saint Lazare 1877, vue de toits (effet de neige)1878-79, Henri Cordier 1883…

Très connu aux États-Unis, Gustave Caillebotte a fait l’objet d’expositions montées à Houston et Brooklyn en 1976 et au Grand Palais en 1994.